L’ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique) est un dispositif français mis en place depuis 2010 qui permettait aux fournisseurs alternatifs d’acheter une portion de la production d’électricité nucléaire d’EDF (Électricité de France) à un tarif réglementé de 42 €/MWh, dans la limite d’un volume plafond (100 TWh par an). Ce mécanisme faisait partie de l’ouverture du marché de l’électricité et de la fourniture d’énergie, afin de diversifier les fournisseurs d’électricité et pas uniquement EDF ou Engie.
Ce mécanisme doit prendre fin au 31 décembre 2025, pour être remplacé dès le 1er janvier 2026 par de nouveaux dispositifs, notamment le Versement Nucléaire Universel (VNU).
Qu’est-ce qui change concrètement ?
Voici ce qui va changer, ou ce qu’on prévoit, avec la fin de l’ARENH :
Élément | Avant (ARENH) | Après (post-ARENH / VNU, etc.) |
---|---|---|
Prix d’approvisionnement pour les fournisseurs alternatifs | Partiellement régulé (à 42 €/MWh pour une portion de la production nucléaire) | L’intégralité de la production d’électricité nucléaire sera vendue au prix du marché de l’électricité (fourniture TTC) |
Exposition aux fluctuations de prix de marché | Limitée, car une portion signifiante était couverte par un tarif fixe régulé | Forte : les fournisseurs devront prendre en compte le marché européen, les coûts variables (gaz naturel, taxes, acheminement Enedis, etc.) |
Redistribution / protection des consommateurs | Peu ou pas de mécanismes de redistribution ; l’ARENH servait de « filtre » pour proposer une électricité moins chère | Mise en place du VNU : EDF vend sur le marché, un seuil de taxation des revenus nucléaires puis redistribution aux consommateurs si les prix dépassent certains niveaux |
Effets attendus sur votre facture d’électricité
Selon les analyses de la Commission de régulation de l’énergie, voici ce à quoi il faut s’attendre pour les particuliers, les petits professionnels, ou les consommateurs à consommation moyenne :
Hausse probable des tarifs
Avec l’ARENH qui disparaît, une partie de l’électricité ne sera plus fournie à un coût régulé. Si le prix du kWh grimpe sur le marché de gros, cela entraînera une augmentation répercutée sur la consommation d’électricité des ménages.
Selon l’UFC-Que Choisir, la réforme pourrait faire passer le coût d’approvisionnement servant au tarif bleu réglementé à ~117,29 €/MWh (contre environ 81 €/MWh actuellement), soit une hausse de +40-45 % TTC.
Volatilité accrue
Les factures ne seront plus aussi stables. Les fluctuations des prix du gaz naturel, du CO₂, des heures pleines et heures creuses ou encore des consommations saisonnières (hiver/été) influenceront directement la facture.
Mécanisme de protection partielle via le VNU
Le VNU prévoit que lorsqu’EDF réalise des bénéfices importants sur le nucléaire, une partie soit redistribuée. Mais ce mécanisme n’évitera pas totalement des hausses de prix du kWh.
Profil de consommation : un rôle central
Ceux qui ont un compteur puissant (kVA élevé), un abonnement en heures pleines, ou une forte consommation d’électricité, seront davantage impactés. À l’inverse, un consommateur sobre, utilisant de l’électricité verte ou ayant recours aux énergies renouvelables (autoconsommation solaire), limitera la hausse.
Solutions d’atténuation possibles
Comparer les fournisseurs d’électricité et éventuellement changer de fournisseur (Engie, Direct-Énergie, ou d’autres fournisseurs d’énergie moins chers).
Passer à un contrat à prix fixe.
Investir dans les énergies renouvelables : panneaux solaires, autoconsommation, PPA (Power Purchase Agreements).
Améliorer l’efficacité énergétique de son logement pour réduire ses kWh consommés.
Scénarios chiffrés (estimation)
Voici des estimations selon différentes hypothèses (prix de marché, part de consommation, etc.) :
Si le prix du marché reste modéré (60-70 €/MWh), les factures pourraient augmenter de 10-20 %, notamment pour les clients avec chauffage électrique.
Si le marché grimpe fortement (100-120 €/MWh), l’augmentation pourrait atteindre +40-50 %, affectant aussi bien la fourniture d’électricité que le prix de l’abonnement et l’acheminement via Enedis.
Ce qu’il faut surveiller
Le coût complet du nucléaire (maintenance, construction des EPR, prolongation des centrales).
Les seuils de taxation : ils détermineront le montant redistribué via le VNU.
Les heures creuses et heures pleines, qui joueront un rôle clé dans l’optimisation de la consommation d’électricité.
Les mesures gouvernementales : aides, subventions, fiscalité sur la fourniture d’énergie.
Le prix du kWh sur le marché de l’électricité en Europe.
Conclusion
La fin de l’ARENH en décembre 2025 marque une rupture dans l’ouverture du marché de l’électricité. Le modèle bascule vers plus de concurrence entre fournisseurs d’électricité, mais aussi plus de volatilité.
Pour vous, cela signifie :
Anticiper une hausse du prix du kWh et du tarif bleu.
Étudier vos consommations (kWh, kVA, heures creuses/pleines).
Comparer les offres de fourniture d’électricité (Direct-Énergie, Engie, fournisseurs d’énergie alternatifs).
Envisager les énergies renouvelables et l’autoconsommation solaire.
FAQ – Fin de l’ARENH et facture d’électricité
1. Qu’est-ce que l’ARENH et quand prend-il fin ?
L’ARENH permettait aux fournisseurs d’électricité d’acheter une partie de l’électricité nucléaire d’EDF à un tarif réglementé (42 €/MWh). Il prendra fin le 31 décembre 2025.
2. Qu’est-ce qui remplace l’ARENH en 2026 ?
Le Versement Nucléaire Universel (VNU) remplacera l’ARENH. EDF vendra son électricité au prix du marché de l’électricité et une partie des revenus sera redistribuée aux consommateurs.
3. Ma facture d’électricité va-t-elle augmenter en 2026 ?
Oui. Les estimations évoquent une hausse de +20 à +45 % du prix du kWh TTC selon la consommation et le type d’abonnement (heures pleines/creuses).
4. Le VNU va-t-il protéger les consommateurs ?
Partiellement. Il redistribue une part des revenus nucléaires, mais la facture d’électricité dépendra aussi des taxes, de l’acheminement Enedis et du prix du gaz naturel.
5. Que puis-je faire pour limiter l’impact de la fin de l’ARENH ?
Comparer les fournisseurs d’énergie et éventuellement changer de fournisseur.
Passer à un contrat à prix fixe.
Réduire sa consommation d’électricité (sobriété énergétique, appareils performants).
Produire sa propre électricité verte (panneaux solaires, autoconsommation).
6. Les entreprises seront-elles aussi touchées ?
Oui, particulièrement celles avec de fortes consommations. Beaucoup optent pour des PPA, l’autoconsommation photovoltaïque ou la négociation de contrats de fourniture d’électricité avec des fournisseurs alternatifs.

Renan Keraudran